Qui avait bien pu pondre un tel oeuf ? Sûrement pas une de ses soeurs, tantes ou cousines. Non plus que les pingouins ou les oiseaux qui partageaient la Grande Île avec elles, marmettes, mouettes ou fulmars. Ne trouvant pas de réponse à sa question, elle demanda plutôt si on avait perdu cet oeuf. Son coeur de future mère se serra en imaginant ce qu’elle ressentirait, elle, si elle perdait un de ses oeufs. Rien qu’à penser aux dangers qu’ils couraient, malgré la vigilance d’Atik, avec les renards, les grands corbeaux et les goélands, elle avait envie de retourner le plus vite possible à son nid. Mais le petit qui se trouvait dans cet oeuf, s’il n’y avait personne pour s’en occuper, que lui arriverait-il ? Il mourrait. non, elle ne pouvait pas le laisser là. Elle l’avait senti bouger sous son bec.
Mingoune, à trois ans, avait atteint sa taille d’adulte, et elle était robuste. elle se carra sur ses pattes et commença à pousser le drôle d’oeuf avec son bec, vers l’endroit où elle avait bâti son nid.