L’aube se lève, plus belle que jamais sur la prairie de l’Assiniboia…
François Boucher sort de la maison en bois rond de son père, s’étire lentement les bras pour se dégourdir et prendre un peu d’air frais. Dans le soleil levant, à une trentaine de mètres devant lui, se tient un magnifique orignal mâle dont le panache semble le plus imposant de l’Assiniboine entière. Tous les Métis de la colonie de la Rivière-Rouge rêvent d’abattre un animal de cette envergure.
François recule lentement, ouvre la porte et met la main sur le canon de son arme. Son sac de chevrotines s’étale par terre en produisant un bruit mat. L’animal prend la fuite dans un craquement de branches. Longtemps on entend l’écho de ses sabots. François regarde la bête courir, déçu d’avoir raté une occasion d’éblouir son frère.