Au temps de la grande migration, alors que l'eau est glacée sur les petits étangs de l'Arctique, loin, au pôle Nord, en ce matin de la fin du mois d'août, l'heure du grand départ a sonné pour Blanche et sa famille. Après des semaines passées à explorer les moindres recoins de la toundra, des familles d'oies s'envolent, les unes à la suite des autres, vers le Sud. Des voiliers d’oies blanche, comme une grande vague blanche, passent dans le ciel, avec force cris. L’espiègle et attachante Blanche nous raconte son palpitant périple en passant par les terres agricoles de Montérégie pour se rendre à Baie Missisiquoi près de Philipsburg, puis termine son voyage dans les marais côtiers de la Virginie.
— Blanche, veux-tu venir ici ? J’ai quelque chose d’important à te dire.
— Oui papa.
Je lui réponds avec un petit air détaché, feignant la surprise. Je ne veux pas le décevoir en lui montrant que j’ai tout deviné.
— As-tu remarqué le blanc sur les montagnes depuis quelques jours ?
— Le blanc ? Oui... Pourquoi ?
L’interrogeant à mon tour, je me demande quel est le rapport avec la fête.
— C’est de la neige. Bientôt, il y en aura partout et nous devrons partir.
— Partir ? Pour aller où ? La fête a-t-elle lieu plus loin ?
— Quelle fête ?
— Celle que vous préparez avec oncle Raoul, tante Gilberte et les autres.