Contrairement à ses parents qui sont fatigués de courir après les minutes qui s'envolent, Édouard adore la ville. Cette vie de citadin, avec ce que cela comporte de bruits, de lumières et de pollution, lui convient très bien. Il accepte difficilement le choix de ses parents de déménager à Saint-Irénée, un minuscule village situé sur le bord du fleuve Saint-Laurent. Va-t- il s'ennuyer loin de ses amis ? Sans l'Internet ? Sans les nombreux postes de télévision ? Et surtout sans l'agitation de la ville ? Qui sera son ami, là où n'existent que le brouillard et le vent ?
— Ça pue par ici ! s'exclame-t-il. On dirait du poisson pourri !
Le nez toujours emprisonné entre son pouce et son index, Édouard se penche à demi et scrute le sol à la recherche de coquillages. Il avance, courbé, oubliant le paysage qui l'entoure. Concentré sur sa tâche, et désireux de la terminer au plus vite, il marche plusieurs minutes sans lever les yeux du rivage. Il fait trois pas et aperçoit enfin la carapace vide d'un petit crustacé.
— En voilà un ! dit-il en relâchant la pression sur son nez.
Il le ramasse, l'examine un long moment puis, content de cette première trouvaille, le dépose au fond du seau.